L'empire du Viêtnam

 


 L'empire du Viêt Nam de 1802 à 1859
L'État vietnamien est alors réorganisé. Instituant une monarchie absolue et centralisée (six ministères, deux hiérarchies de fonctionnaires civils et militaires), respectant les particularismes provinciaux (maintien de la division en trois ky (pays) : Tonkin, Annam et Cochinchine), Gia Long gagne, en outre, l'appui populaire grâce à d'habiles mesures : amnistie, réforme agraire, surveillance des mandarins, construction de digues, de routes (route Mandarine) et de citadelles. Ami de la France, il lui refuse pourtant toute concession territoriale ; en revanche, et quoique jaloux de son indépendance, il sollicite de la Chine l'investiture de son empire (
1803), et c'est elle qui lui donne le nom de Viêt Nam. C'est un État fortement sinisé (adoption du Code des Qing de 1811 à 1815, culte des ancêtres, confucianisme, taoïsme, écriture chinoise, société dominée par un mandarinat théoriquement accessible à tous et reposant sur une paysannerie nombreuse). Mais, après Gia Long, les Nguyên refusent les réformes indispensables (impôts trop lourds, abus des notables). Les paysans, miséreux et mécontents, se révoltent souvent, surtout dans le Tonkin surpeuplé, où le souvenir des Lê reste vivant. En outre, Minh Mang (1820-1841) persécute les chrétiens, qui se soulèvent en Cochinchine (1833-1836) ; enfin, il impose pour la première fois au Cambodge un protectorat vietnamien (
1834).
   Cette politique, poursuivie par Thiêu Tri (1841-1847) et par Tu Duc (1848-1883), provoque l'intervention de la France, qui désire protéger les missions catholiques tout en s'assurant des points d'appui et des débouchés en Indochine.

 Le Viêt Nam et son intégration à l'Indochine française (1859-1927)
Prenant Saigon (
1859), des amiraux français occupent la Cochinchine (1859-1867) ; les démêlés des commerçants français au Tonkin (J. Dupuis) provoquent des interventions militaires (Francis Garnier, 1873 ; H. Rivière, 1882) qui aboutissent à l'établissement des protectorats français sur l'Annam et le Tonkin (1883), confirmés après un conflit armé avec la Chine (second traité de Tianjin, 1885). Après les deux règnes éphémères de Hiep Hoa et de Kien Phuoc (1883-1884), l'empereur Ham Nghi (1884-1888) dirige un soulèvement nationaliste (1885-1888), qui continue, après sa déportation en Algérie, jusqu'en 1896. Résident général en Annam et au Tonkin (1886), Paul Bert fait de ce dernier ky une vice-royauté séparée. Après la création de l'Union indochinoise (1887), les gouverneurs généraux (en particulier Lanessan, 1891-1894) respectent d'abord les particularismes locaux, avant que Paul Doumer impose une administration directe, efficace mais mal supportée (1897-1902) ; ainsi s'explique en partie la révolte de Dê Tham au Tonkin (1908). Albert Sarraut (1911-1914) calme les esprits par sa souplesse et sa compréhension, annonçant même dans un discours la possibilité du retour progressif du Viêt Nam à l'indépendance. Alexandre Varenne (1925-1928) institue une Chambre des représentants du peuple au Tonkin et en Annam, et, pour protéger les masses contre l'usure ou les mauvais employeurs, il crée le Crédit populaire agricole et l'Inspection générale du travail (1927).
 




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