Le Viêt Nam et la guerre d'Indochine (1946-1954)
Le 2 mars 1946, Hô Chi Minh est proclamé président du nouvel État avant de signer avec la France les accords du 6 mars. Mais, si la France reconnaît l'État libre du Viêt Nam, elle refuse d'y inclure la Cochinchine et ne promet, lors de la conférence de Fontainebleau (juillet-septembre 1946), qu'un référendum sur cette question (modus vivendi du 14 septembre 1946). Le bombardement français de Haiphong (23 novembre 1946) et le coup de force du Viêt-minh à Hanoi (19 décembre 1946) déclenchent alors une guerre qui sera longue et difficile (campagne d'Indochine). Rappelant Bao Dai, la France reconnaît l'unité et l'indépendance du Viêt Nam au sein de l'Union française (accords du 5 juin 1948 et du 8 mars 1949), accepte le rattachement de la Cochinchine au nouvel État et renonce à sa souveraineté. Le Viêt Nam, dont Bao Dai devient le chef (décembre 1949), doit faire face à l'opposition du Viêt-minh ; la position de ce mouvement se trouve renforcée par la victoire de Mao Zedong en Chine (décembre 1949), qui reconnaît aussitôt le gouvernement de Hô Chi Minh (16 janvier 1950) et aide à la constitution de la puissante armée du général Võ Nguyên Giáp, qui surprend les Français à Cao Bang (1950). La contre-offensive dirigée par le haut-commissaire de Lattre de Tassigny (1951) rétablit la situation, de nouveau compromise après la mort de ce dernier (1952).
Pour reprendre l'initiative, le gouvernement Hô Chi Minh modifie sa structure politique en remplaçant le Viêt-minh par le Liên Viêt (Front national uni), qui accueille les nationalistes non marxistes (mars 1951) ; parallèlement, il renforce son potentiel militaire, et peut reprendre l'offensive au printemps 1953. Celle-ci se termine par la prise de Diên Biên Phu (7 mai 1954), qui met fin à la guerre d'Indochine. La conférence de Genève (20 juillet 1954) coupe le pays en deux, de part et d'autre du 17e parallèle, en attendant des élections qui doivent définir le régime du Viêt Nam réunifié avant juillet 1956. En fait, la ligne de démarcation suivant la rivière Ben Hôi, à proximité du mur de Dông Hoi construit en 1631 pour séparer les Nguyên des Trinh, ressuscite une vieille séparation politique, qui se concrétise par la formation de deux États nouveaux : la République démocratique du Viêt Nam (Nord Viêt Nam) et la République du Viêt Nam (Sud Viêt Nam).