La « rénovation » économique (doi moi)
La « rénovation » prévoit une démocratisation politique limitée et une nouvelle libéralisation économique : autonomie des entreprises, économie de marché, encouragement au secteur privé et appel aux capitaux étrangers.
En juin 1988, après la mort de Pham Hung, le conservateur Do Muoi est nommé Premier ministre, Lê Duc Tho conservant lui aussi de l'influence jusqu'à sa mort, en 1990. L'effondrement du socialisme en Europe de l'Est effraie les dirigeants vietnamiens. En mars 1990, le Comité central se prononce contre la « libéralisation bourgeoise » et le multipartisme, mais pour la poursuite des réformes économiques, ce qui est repris au VIIe Congrès du parti (juin 1991), où Do Muoi devient secrétaire général. La nécessité d'une modernisation politique est cependant reconnue. Vô Van Kiet devient Premier ministre (août 1991). La résistance des adversaires du changement se marque par l'accession du général Lê Duc Anh à la présidence, après l'adoption d'une nouvelle Constitution en 1992. Le régime reste sévère à l'égard des dissidents politiques, garde le contrôle des secteurs clés de l'économie et s'inquiète de la pauvreté persistante, de l'augmentation de la corruption, de la prostitution, de la drogue et du crime.
Le VIIIe Congrès du parti (juin 1996) – sur fond de lutte d'influence entre conservateurs et réformistes – maintient la même équipe au pouvoir. Le bureau politique s'élargit au bénéfice de l'armée. Les élections de juillet 1997 enregistrent la victoire du parti unique, mais en septembre la nouvelle équipe dirigeante s'ouvre à des « experts » : le président Trân Duc Luong est géologue, et le Premier ministre Phan Van Khai, économiste. L'ouverture économique doit se poursuivre dans l'ordre. Pourtant, en novembre, des révoltes au Nord et au Sud traduisent le mécontentement populaire contre la corruption des cadres locaux. Une lettre du général Tran Do, vétéran respecté, appelle à la démocratie et à la transparence – ce qui lui vaudra d'être exclu du parti.